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Originaires des quartiers nord de la Ville Rose, Magyd Cherfi, Mustapha (dit « Mouss ») et Hakim Amokrane s'investissent dès 1982 au sein de l'association Vitécri.
Après plusieurs réalisations de vidéo, l'association change de nom et devient Tactikollectif, elle réalise un nouveau film (Salah, Malik, Beurs) racontant l'histoire d'un groupe musical, Zebda Bird.
Le collectif est rompu au maniement de l'humour et de l'auto-dérision après plusieurs années de militantisme, ils n'hésitent pas à nommer le groupe « Beurre » qui est la traduction de Zebda (qui renvoie évidemment au verlan « beur », version politiquement correcte de « arabe »).
Seulement pour faire un groupe, il faut des musiciens.
Magyd Cherfi fait donc appel à des copains de lycée : Pascal Cabero à la guitare et Joël Saurin à la basse.
Zebda continue à vivre au-delà du film, mais son parcours est irrégulier jusqu'en 1988, lorsque Vincent Sauvage devient le batteur du groupe.
Avec Magyd, Mouss et Hakim, trois rois de la tchatche pour chanter et rapper, Zebda commence à faire parler de lui sérieusement et sort Carte Nationale d'Identité, une cassette qu'ils produisent eux-mêmes en 1989.
Surtout attachés aux principes d'ouverture et de tolérance, Zebda crée avec Tactikollectif un festival pour donner une image positive des quartiers nord : Ça Bouge au Nord est né et va inviter toute la mouvance du « rock alternatif » d'alors, de Noir Désir à Manu Chao en passant par le poète dub Linton Kwesi Johnson.
Après deux autres cassettes autoproduites en 1989 et 1990, Zebda est présent en 1991 sur Ragga Buzzin', la première compilation de reggae/ragga français, sortie par le label Barclay.
C'est effectivement Barclay qui signe Zebda pour l'album L'Arène des Rumeurs en 1992, alors que le groupe s'est enrichi l'année précédente de l'arrivée d'un nouveau membre, l'accordéoniste et claviériste Rémi Sanchez.
Zebda présente un curieux mélange de rock alternatif à tendance festive, de ragga et de raï « avé l'assent », le tout emballé dans une pochette faisant référence à l'Intifada palestinienne.
L'Arène des Rumeurs ne connait qu'un succès d'estime malgré l'humour omniprésent des textes et la cadence entraînante de la plupart des titres.
En 1995, Zebda lâche une bombe, en samplant des propos du candidat à la présidence (et futur élu) Jacques Chirac sur les immigrés, dans « Le Bruit et l'odeur », sur l'album homonyme.
Ce dernier est un vrai album de combat, très engagé et revendicatif, descriptif de la réalité locale toulousaine et nationale.
Le succès n'est plus seulement d'estime : Zebda devient un groupe reconnu médiatiquement et suivi par un public conquis par sa démarche originale et sa fraîcheur musicale.
Toujours sur la brèche du militantisme, le groupe, et en particulier Magyd et les frères Amokrane, s'investit dans le projet Motivés.
L'album du même titre, qui sort en 1996, reprend des chants de lutte et de partisans et connaît un énorme succès en particulier dans la région sud-ouest.
Rien dans ce parcours ne semble prédestiner Zebda à régner 26 semaines d'affilée sur le Top 50, dont 3 en tant que n°1 ; c'est pourtant ce qui se produit avec « Tomber la chemise » en 1999.
Le titre est extrait du troisième album, intitulé Essence Ordinaire et paru en 1998, toujours aussi engagé cet opus est un symbole d'ouverture dans la foulée du mouvement « Black, Blanc, Beur » de juillet 98.
Hormis le phénoménal « Tomber la chemise », l'album voit également « Y'a pas d'arrangement » triompher sur les ondes et dans les bacs.
En 2002, sort Utopie d'Occase, album légèrement auto-parodique d'un groupe alternatif ayant cassé la baraque au hit-parade.
L'élan n'est plus aussi présent et la belle histoire s'essouffle nettement.
Les membres de Zebda annoncent une pause dans la carrière du groupe en 2003 et se lancent dans différents projets personnels.
Un album live, La Tawa et un DVD sortiront en 2003 pour clore ce chapitre de l'existence de Zebda.
Malgré de fréquentes rumeurs de reformation, rien ne dit que Zebda donnera une suite à ce qui reste l'aventure exemplaire de musiciens/citoyens qui ont offert du plaisir bien au-delà du cercle des quartiers.
« Tomber la chemise » est finalement un- heureux - accident de parcours pour un groupe qui mérite pleinement le qualificatif alternatif.
Après sept années de silence, Zebda est de retour et toujours aussi motivé avec le bien-nommé Second Tour en cette année 2012 présidentielle.
Outre les dossiers d'actualité, ce cinquième opus des mousquetaires toulousains, produit par Nick Sansano, est annoncé par le premier titre extrait « Le Dimanche autour de l'église ».
À l'arrivée, c'est un franc succès qui accueille l'album, classé n°3 des ventes, comme au bon vieux temps du rock alternatif.
Ragaillardi par cette aubaine, Zebda retrouve le chemin des studios dès la tournée achevée.
Entre Toulouse et Carpentras, c'est avec Yarol Poupaud (FFF) qu'est conçu Comme des Cherokees, livré en août 2014, quelques semaines après le titre éclaireur « Les Petits pas ».