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The Smiths

Quand Morrissey, Johnny Marr, le bassiste Andy Rourke et le batteur Mike Joyce forment les Smiths, à la mi-1982, l'Angleterre de Thatcher mène une guerre-éclair contre l'Argentine, pour le contrôle des îles Falklands-Malouines.
Le rock anglais, lui, sort d'une guerre beaucoup plus longue.
Six ans avant, Anarchy in the UK des Sex Pistols a éclaté comme une bombe au milieu du paysage musical.
Bombe dont les fragments vont se disperser six ans durant dans un pays qui se défait, miné par le chômage et la violence.
Jamais, sans doute, le rock de sa Gracieuse Majesté ne sera meilleur que durant ces années punk - new wave.
Six ans plus tard, les Smiths débarquent en pleine retraite de Russie : Pistols, Jam, Buzzcocks et Damned sont séparés, Clash en nette perte d'inspiration, Joy Division transformé en New Order depuis le suicide de Ian Curtis, The Cure plongé dans les ténèbres de Pornography.
Quant aux Undertones, Television Personalities et autres Monochrome Set, ils bricolent des albums géniaux dans leur coin, mais personne ne le sait.
L'indie-pop anglaise qui émerge alors a besoin d'une locomotive : ce seront les Smiths.
Comme leurs contemporains des Pale Fountains ou de Orange Juice, les quatre Mancuniens vont faire accomplir un majestueux pas de côté au rock anglais des eighties.
Plus question de « Nor Elvis, Beatles or Rolling Stones ! » : les sixties - Byrds, Velvet - et seventies - le glam-rock de Bowie et Bolan - ont à nouveau droit de cité.
Mais ces jeunes hommes tout juste sortis de l'adolescence portent quand même en eux l'héritage de l'explosion punk.
Comment auraient-ils pu faire autrement : leur leader, Morrissey, a assisté, en même temps que les Buzzcocks et que Ian Curtis, Bernard Sumner et Peter Hook, futurs Joy Division, à un concert de l'historique Anarchy in the U.K.
Tour, des Sex Pistols.
C'était le 4 juin 1976, au Lesser Free Hall de Manchester.
Ces influences sixties, cet héritage punk, les Smiths vont les digérer pour créer leur style, leur originalité.
Oubliés, guitares hurlantes et claviers polaires : Johnny Marr va plutôt chercher ses arpèges enchanteurs de l'autre côté de l'Atlantique, dans les Rickenbacker des Byrds ou les plus belles ballades du Velvet.
Le songwriting de Morrissey, lui, même s'il emprunte à l'écriture asexuée de Steve Shelley des Buzzcocks, tranche par rapport à celui de ses glorieux prédécesseurs.
Finis la colère brûlante du punk, la rage froide de la new-wave.
Place à une description littéraire et sensible d'états d'âme individuels.
L'univers du chanteur des Smiths est unique, comme sa voix, si immédiatement reconnaissable.
Morrissey parle sans fard de lui-même, de sa « timidité vulgaire jusqu'à en être criminelle » ou de sa sexualité (« Pretty Girls Make Graves »), tout en décochant des flèches empoisonnées à tout va, de la famille (« Barbarism Begins at Home ») à la royauté (« The Queen is Dead ») en passant par l'industrie musicale (« Paint A Vulgar Picture »).
S'il écrit surtout sur lui-même, Morrissey n'oublie en effet pas le monde qui l'entoure, et multipliera en interview les déclarations au vitriol contre Margaret Thatcher (« C'est seulement un être humain, et qui peut être détruit »).
Mais, même quand il aborde un « grand sujet », comme l'éducation (« The Headmaster Ritual »), il se glisse toujours dans la peau du narrateur, transformant l'intime en politique, ou l'inverse, c'est selon.
Il faudra attendre Pulp, pour trouver avec Jarvis Cocker un génie identique : un songwriter capable de donner à des états d'âme individuels une portée universelle.
De transformer sa propre difficulté à vivre en celle de toute l'Angleterre.
Fascination pour une Amérique fantasmée depuis Manchester (celle des New York Dolls et de James Dean), oscillation entre intimisme et critique sociale : comme son compatriote mancunien Ian Curtis, Morrissey avait créé au sein des Smiths un univers trop personnel et complexe pour ne pas être caricaturé.
Cliché facile, déjà appliqué à Joy Division : les Smiths seraient un groupe triste et misérabiliste, à la mélancolie lancinante.
Disques d'éternels adolescents, diront les plus sévères.
Erreur absolue, qui oublie de voir la vie profonde qui anime les textes de Morrissey, de ses slogans définitifs (« Hang the blessed DJ, because the music that they constantly play, it says nothing to me about my life », sur « Panic ») à ces tranches d'humour typiquement anglais (« From ice-age to the dole-age, there is but one concern, and I have just discovered : some girls are bigger than others », sur « Some Girls Are Bigger Than Others »).
Jugement sourd, qui n'entend pas la vie qui grouille dans les parties de guitares de Johnny Marr, dans ces riffs parfaits, de ceux qui rendent une pop song inoubliable dès la première écoute.
Des titres comme « This Charming Man », « Girl Afraid », « Nowhere Fast » ou « Bigmouth Strikes Again » en témoignent.
Appréciation qui oublie l'essentiel, en ne voyant dans l'oeuvre musicale de Morrissey que la copie carbone d'une adolescence isolée et malheureuse (« I had a very bad dream / It lasted 20 years, 7 months and 27 days », sur « Never Had No One Ever »).
Fort heureusement, en quatre albums fondamentaux et une vingtaine de singles presque sans déchet, les Smiths furent beaucoup plus que ça.
Jusqu'à devenir aux années 80 ce que les Kinks de Ray Davies furent aux années 60 : des génies capables de confier leurs états d'âme sur une musique le plus souvent allègre, lumineuse.
Cette manière d'extirper de la vie la tristesse la plus noire, les Smiths la résumeront dans les premiers mots d'une de leurs chansons les plus célèbres, « There is a light that never goes out » : «Take me out tonight / when there's music and there's people / who are young and alive».
Créer de la beauté sur les ruines du thatchérisme : cette leçon, de nombreux groupes l'ont retenu.
Textes, musique, attitude : le nombre de groupes influencés par les Smiths a été considérable.
Toute la scène de Manchester, des Stone Roses à Oasis, a reconnu sa dette au groupe de Morrissey.
L'indie-pop de la fin des années 1980, de Gene aux Housemartins, leur devait beaucoup.
Et il était impossible récemment de ne pas songer aux Smiths en entendant The Libertines citer Oscar Wilde, idole de Morrissey, sur leur récent « Narcissist » (« Wouldn't it be nice to be Dorian Gray everyday ? »).
Dans une interview donnée à Rock'n'folk en 2002, Pete Doherty, leader des mêmes Libertines, avouait d'ailleurs avoir eu envie de faire de la musique en entendant pour la première fois « I started something I couldn't finish », single extrait de Strangeways, Here We Come, disque posthume des Smiths.
Ne serait-ce que parce qu'ils ont un jour donné envie à des ados de quinze ans de finir ce qu'ils avaient commencé, les Smiths méritent sans doute l'énorme compliment que leur fit Nick Kent lors de leur séparation : «Dans dix ans, les Smiths seront aussi célèbres que les Beatles le sont aujourd'hui.
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