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Les VRP

C’est en 1988 que les badauds parisiens découvrent un étrange quintette, aux tenues improbables, fusion de représentants de commerces, d’entrepreneurs de pompes funèbres et de clowns tristes dans les rues de la capitale.
Armés de leur xylophone, de leurs instruments pour enfants, de leurs guitares, de leurs banjos et de leur contrebassine (faite d’un seau et d’un balai sur lequel quelques cordes sont accrochées), les VRP testent leur futur répertoire de sketchs et de morceaux musicaux face à ce public improvisé.Davantage axés sur le registre de la parodie que dans le sérieux de la mouvance rock, Gilbert (avec un «T»), Gilberd (avec un «D»), Marc, Stéphane (futur Néry) et Fabrice incarnent à la rue comme à la scène, cet espèce d’étrange et délirant groupe de vendeurs représentants placiers à la mine clownesque et sinistre, censément en déplacement sur les routes de France et de Navarre.Pour Néry et deux de ses comparses, cependant, cette forme de «concept-rock» n’était guère nouvelle puisqu’ils avaient précédemment incarné trois bonnes sœurs en mission d’évangélisation au sein du groupe Les Nonnes Troppo, dont le pèlerinage musical s’était achevé en 1988 par la sortie de l’album La Mission Musicale, comprenant déjà quelques titres («Le Roi de la Route..») que les VRP allaient par la suite reprendre et réinterpréter à leur sauce.Déjà appâté par l’aventure des Nonnes Troppo, le public accueille favorablement ces gugusses en costumes-cravates à l’esthétique douteuse, d’autant que leurs concerts ne ressemblent à rien de connu.
Si leurs instruments semi improvisés et leurs costumes de scène peuvent surprendre, les VRP se distinguent également grâce à leur manière très personnelle de concevoir un concert: improvisant à tout bout de champ, ils se permettent régulièrement d’insulter le public avant de le faire mettre à genoux, faisant hurler les spectateurs...
de rire!Autre nouveauté, les VRP n’ont aucun message à délivrer, aucune consigne à transmettre, aucun dogmatisme pseudo révolutionnaire à mettre en musique: leur seul but semble être de se marrer et de faire marrer autour d’eux.
Vite repérés par Bondage, le mythique label de Marsu qui éditait alors aussi bien la Mano Negra (dont ils feront la première partie) que les Bérurier Noir, leur premier album Remords et Tristes Pets, sort en 1989.
Comprenant des morceaux complètement barrés comme «Le Camp d’Entraînement», «Mardi Gras» ou «Jacques», il est surtout remarqué pour la délirante reprise de «Alexandrie, Alexandra» de Claude François qui le termine.
Rançon du succès, c’est ce morceau qui sera passé en boucle sur les stations de radio périphériques.Dans l’esprit des auditeurs des radios musicales, les VRP ne sont ni les interprètes de «Blues intestinal» et «Les Livres de fesses», mais simplement les types qui ont eu le coup de génie de faire une reprise rock d’un ancien standard du Cloclo national.
Vague à l’âme pour les VRP qui décident alors de ne plus reprendre ce titre en concert et lors des happenings.Multipliant les prestations en public (car les VRP se définissent eux-mêmes comme un «groupe de scène»), les représentants placiers affinent leur style et improvisent de nouveaux sketchs, qu’ils intègrent à leur répertoire bien qu’ils mettent un point d’honneur à ne jamais réaliser deux fois le même spectacle.
Ils seront d’ailleurs parmi les premiers artistes hexagonaux à prendre l’habitude de jouer en prison.En 1990, leur deuxième album Retire les Nains de tes Poches et s’offrent quelques collaborations avec divers invités dont Gina et les Pires sur «La Misère des Voix Vulgaires», et les Babylon Fighters sur «Sydney...»).
Succès de l’album qui se traduit la même année par la sortie d’un live J’aime pas les VRP, Surtout en concert.En 1991, une série de vidéo-clips délirants sont réalisés par Bruno Venzal et Celia Canning sous le patronage de Fred Le Goff.
Petites merveilles d’humour absurde et de mise en scène aussi soignée que non-sensique, ces films qui se plaisent à donner des coups de coude au spectateur (lequel peut s’amuser à recenser tous les caméos de célébrités du milieu alternatif venus faire un petit coucou à la caméra, de Stellla à Didier Wampas) font aujourd’hui le délice de certains sites de partages de vidéos.
La reconnaissance internationale s’ajoute rapidement à leur succès hexagonal et les VRP entament une série de tournées qui les mènent au Canada, au Japon et en Afrique.Malgré leur style faussement enfantin et leurs instruments improvisés et bricolés à base de boîtes de conserves et d’objets du quotidien, les VRP deviennent incontournables dans tous les grands événements de la scène rock et côtoient la Mano Negra ou les Satellites sur les affiches des concerts et des festivals.
En 1992, Vacances Prolongées sonne le glas des VRP.
Cet album, de loin le plus éclectique de tous, est le dernier composé et interprété du «vivant» du groupe, qui se sépare l’année suivante lors d’un concert au Zénith de Montpellier à la fin duquel ils jettent leurs instruments dans la fosse pour sceller définitivement leur carrière de représentants de commerce.Lassés d’être devenus des modèles et de voir leurs fans venir assister à leurs concerts déguisés comme eux en reprenant leurs chansons en chœur comme des amateurs de boys bands de base, les VRP préfèrent laisser tomber l’affaire et abandonner ce groupe.
Néry et deux de ses acolytes reprendront l’aventure des Nonnes Troppo, avant d’entamer une carrière solo et de collaborer aussi bien avec les Ogres de Barback que la Mano Negra.
Plusieurs albums lives et compilations (Les VRP en Stage, Fermeture Définitive et Liquidation Totale) sortent ensuite, mais comme rééditions de titres déjà existants.Malgré leur courte existence, les VRP, qui se voulaient aussi bien dans la continuité de Boby Lapointe, des Compagnons de la Chanson, de Pauline Carton (citée dans Les Livres de Fesses sous le pseudo de «Pauline Béton») et des Frères Jacques auront durablement marqué la scène alternative française, inspirant à leur tour des dizaines de formation évoluant dans un registre semblable, des Wriggles aux Hurlements d’Léo (qui doivent d’ailleurs leur nom à une chanson du groupe) en passant par Miossec et les Têtes Raides.Considérés comme partie intégrante de la masse bouillonnante que représentait la scène du rock alternatif à la charnière des années 80/90, les VRP auront largement contribué au renouveau d’un certain style de chanson française à textes de laquelle l’humour absurde et les fantaisies théâtrales ne sont pas absents.Bien qu’indirectement co-responsables du renouveau de l’intérêt d’une certaine jeunesse pour le théâtre de rue, le happening urbain et la chanson française dite néo-réaliste où se côtoient le meilleur (rarement...) et le pire (souvent!), ces cinq chansonniers punk-rock qu’on comparait à des «Frères Jacques sous acide» laisse le souvenir d’un groupe totalement déjanté et plutôt doué, dont l’ultime pitrerie aura été de se suicider en public alors qu’ils étaient au faîte du succès.

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